En annonçant qu’il était prêt à accepter un échange de territoire contre la paix, et une « protection » de l’OTAN - le président Zelensky a fait un grand pas, résigné à accepter un gel du conflit.
On sait qu’il n’y a que trois façon pour les guerres de s’arrêter, si l’on en croit la pensée de Clausewitz, qui quoique bicentenaire, reste étonnamment pertinente.
La première, l’anéantissement physique des forces d’un des belligérants, est de toute évidence exclue en Ukraine. La deuxième, un échange de territoire et de garanties sanctionné par un traité, est tout aussi inenvisageable. Car Putin en attaquant l’Urkaine malgré la signature du pacte de non agression signé par la Russie dans les accords de Minsk, a prouvé qu’un traité de paix signé par lui ne serait qu’un bout de papier sans valeur.
Donc il ne reste que la troisième hypothèse, qui est un blocage de fait de la guerre. C’est le sens de ce que propose Zelensky, arrêter la phase sanglante du conflit.
Le rapport des forces conventionnelles illustre parfaitement cette nécessité.
Dans ce conflit, chacun a la possibilité de se défendre mais aucun n’a celle de mener une offensive victorieuse. Coté russe, on observe des pertes énormes de 1000 à 1500 soldats par jour et même la faction belliciste de la population russe a perdu son enthousiasme initial. Et la recherche de mercenaires, Gurkas, Sri-lankais, à la surprenante intervention Nord-Coréenne, en passant par le recrutement de prisonniers de droit commun, montre bien que tout a été tenté, rien n’a bien fonctionné.
Cote ukrainien, la fatigue de la guerre existe aussi, et les hommes manquent mais la crainte d’une occupation par une armée haïe, et celle de se retrouver réfugié à l’étranger a suscité une levée en masse contre l’agression qui peut se renouveler en cas de déstabilisation du front.
La poursuite de la guerre est donc improbable à moyen terme mais la paix reste impossible, pour reprendre la phrase de Raymond Aron à propos de la guerre froide.
En effet, comme nous l’avons vu, la signature d’un accord de paix sous la forme d’un traité ne serait pas une garantie viable, ayant toutes les chances de ne pas être respecté cote russe.
Dans ces conditions, l’issue par le cessez le feu, qui n’est pas une solution mais plutôt la prise en compte d’une situation de fait, est une suspension des combats inutiles, comme en Corée en 1953.
Ce n’est pas la paix, mais l’organisation d’un armistice, destiné à durer et garanti par l’équilibre des forces en présence.
Un scénario où l’OTAN a son rôle à jouer
Seconde concession que fait Zelensky dans sa proposition, des forces de l’OTAN pourraient garantir les nouvelles frontières provisoires dans le Dombas, entérinant une de facto cession de territoire tout en protégeant le reste de l’Ukraine de nouvelles incursions russes. C’est un pis aller qui pourrait fonctionner, à défaut d’une adhésion pure et simple de l’Ukraine à l’OTAN, qui semble inatteignable pour l’instant.
Plus généralement, une crainte du danger russe se répand en Europe et elle est renforcée par le souci d’une défection américaine. Désormais le résultat qui s’esquisse est celui d’une prise de conscience des potentialités de l’Union Européenne de 450 millions d’habitants, avec 27 armées que l’OTAN a rendues inter-opérables; et appuyés par des troupes britanniques qui participeraient a l’effort dans le cadre des accords de Lancaster. La capacité de l’Union à aligner des milliers de soldats professionnels, entraînés et motivés, excédant de loin les possibilités russes, est bel et bien là et pourra si nécessaire etre rendue opérationnelle et au besoin être mise en application, ce qui semble bien constituer la protection de l’OTAN souhaitée par Zelensky dans son intervention.
En tout état de cause un tel accord sous forme de gel indéfini, n’interviendrait probablement pas avant le 21 janvier, au lendemain de l’investiture de Trump afin pour PUtin de lui fournir au nouveau President américain, sur un plateau le règlement du conflit en vingt-quatre heures comme il l’avait promis à ses électeurs. Cette faveur sera sans doute suivie d’exigences qui excèderont cette concession, mais il n’est pas sûr que Trump soit assez fin pour s’en rendre compte, mais il faut l'espérer.
par
Brigitte Ades
Jean Dubois
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